"Pourquoi identifier les souches de truite ?"

Pourquoi identifier les souches de truite?



La Haute-Savoie fait partie du bassin hydrographique méditerranéen. La truite commune, (Salmo trutta) qui a colonisé naturellement cette zone est venue de la Méditerranée (souche MED) après la dernière période glacière il y a environ 10 000 ans.

En revanche, les cours d'eau français orientés vers la façade atlantique et nordique ont été colonisés par une truite dite d'origine atlantique (ATL). Ces deux souches (MED et ATL) géographiquement séparées ont donc évolué différemment pendant des millénaires.

Depuis près d'un siècle, des repeuplements massifs ont été pratiqués sur l'ensemble du territoire français. Les géniteurs utilisés en pisciculture et progressivement domestiqués étaient de souche atlantique.



En Haute-Savoie, ces repeuplements ont massivement introduit des truites de forme atlantique dans des rivières naturellement peuplées par la forme méditerranéenne.

Ces introductions ont entraîné une contamination des populations autochtones par des gènes étrangers qui compromettent l'existence d'un patrimoine régional unique issu de milliers d'années de sélection naturelle. Celle-ci a permis aux poissons de s'adapter aux conditions de vie difficile de nos torrents de montagne.

Nous notons donc ici toute l'importance et l'intérêt de repérer et identifier les populations autochtones restantes.



Les populations autochtones





1800 individus provenant de 163 secteurs de rivières ont fait l'objet d'analyses génétiques.



Les résultats indiquent que 45 de ces secteurs (soit environ 30%) abritent encore des populations seulement faiblement hybridées par des gènes atlantiques. Ces 45 secteurs présentant un patrimoine truite autochtone intéressant et unique peuvent être regroupés en 11 zones géographiques distinctes.



A noter que la majorité des populations occupe la plus grande partie du linéaire de nos principales rivières (Borne, Chaise, Chéran, Dranses, Fier, Fillière, Usses).



L'aire de répartition de la truite originelle a donc régressé. Mais le fait que des populations importantes persistent laisse la possibilité d'entreprendre des actions de réhabilitation.





























































Gestion et conservation de truites autochtones

Selon l'état des populations, diverses stratégies de gestion sont envisageables.

1) Dans le cas idéal d'une population fonctionnelle importante, seule la conservation est nécessaire.

2) Lorsque la population autochtone est quantitativement réduite, il est possible de relancer une dynamique par un soutien provisoire d'effectif.

3) Dans la situation extrême où une zone isolée et d'habitat conforme est quasi dépourvue de truites, la réintroduction d'une population autochtone est à privilégier.

Le pêcheur est encouragé à limiter ses prélèvements de truites MED. Relâcher une prise est un acte de conservation en soi.





[b]Souches introduites et conséquences











Un taux d'hybridation trop élevé par des truites atlantiques, domestiques en particulier, peut faire perdre aux populations MED autochtones leur fonctionnalité et leur faculté d'adaptation aux variations du milieu.





Critères de reconnaissances









[/b][b]

Quelques critères comparés de reconnaissance externe à combiner pour arriver à une détermination partielle des souches [b]ATL et MED.



MED:

a) Nombre de points noirs sur la zone operculaire >8 et généralement >15.

b) Présence obligatoire d'un point noir sur le pré-opercule.

c) Petits points noirs et/ou rouges nombreux et de forme irrégulière. (petits: en moyenne sur le corps, la surface de deux points noirs réunis est inférieure à la surface de la pupille noire de l'œil).

d) Lorsqu'elles existent, marques de parr plus étroites et plus nombreuses (généralement >10).

e) Ligne latérale généralement peu visible.

f) Pas de frange blanche et noire en bordure de l'anale.







ATL:

a) Nombre de points noirs sur la zone operculaire généralement <8 et toujours <15.

b) Présence aléatoire de ce point noir.

c) Gros points rouges et/ou noirs arrondis ocellés de blanc. (gros: en moyenne sur le corps, la surface de deux points noirs réunis avoisine ou dépasse la surface de la pupille noire de l'œil).

d) Lorsqu'elles existent, marques de parr plus arrondies, plus larges et moins nombreuses (généralement <11).

e) Ligne latérale généralement bien visible recoupant des points le plus souvent rouges (plus rarement noirs) ocellés de blanc.

f) Parfois une frange blanche et noire en bordure de l'anale.

Cas particuliers des systèmes lacustres





Les grands lacs subalpins (Léman et Annecy) sont colonisés par un écotype de truite migrateur, la truite de lac. Celle-ci alterne son cycle de vie entre le lac pour la croissance et les affluents pour la reproduction et la production des juvéniles.



Lorsqu'elles sont récemment rentrées en affluents, les truites de lac sont argentées. Après un séjour en rivière, les mâles sont plus colorés (photo).

Les populations lacustres actuelles du Léman sont majoritairement de souche ATL mais elles peuvent également être MED, comme en lacs plus petits.









Les populations de truite de lac du Léman sont encore peu hybridées par les souches ATL de pisciculture.

Leur intégrité génétique est à préserver d'autant plus qu'une origine naturelle ATL n'est pas exclue.



Rappel concernant l'arc-en-ciel



Cette truite que vous pouvez éventuellement rencontrer, n'est pas une variété de truite fario, mais une espèce particulière introduite d'Amérique du Nord.

Je suis très content de pouvoir lire ton post.
Je l'ai mis dans mes favoris.
Bravo et merci.

Jean-Claude

Excellent article, bien vu !!!

Je suis étonné de lire tout ces détails, j'examinerai mes futures prises avec plus d'attention.

Merci du partage !

Merci pour ce partage très instructif

Je vous en prie les gars

De pouvoir partager ce que je considère de très important est pour moi une normalité absolue et puis de lire de tels commentaires ça me conforte dans l'idée d'avoir des interlocuteurs de grande valeur


Merci à vous artpêchois de tout horizons

merci lacustris,tres interessant