L'Art de la pêche
Le forum est en lecture libre,
un grand nombre de personnes partagent leur savoir sur ce site. Vous en profitez peut être?
Alors, pourquoi ne pas venir les remercier et en faire de même en devenant un Artpêchois. Pour cela rien de plus simple inscrivez vous.
L'Art de la pêche
Le forum est en lecture libre,
un grand nombre de personnes partagent leur savoir sur ce site. Vous en profitez peut être?
Alors, pourquoi ne pas venir les remercier et en faire de même en devenant un Artpêchois. Pour cela rien de plus simple inscrivez vous.
L'Art de la pêche
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Le forum d'entraide, de conseils et d'astuces sur l'art de la pêche.
 
AccueilPublicationsDernières imagesS'enregistrerConnexionRecherchersite

 

 La disparition du garde-champêtre

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous



La disparition du garde-champêtre Empty
MessageSujet: La disparition du garde-champêtre   La disparition du garde-champêtre EmptyVen 08 Avr 2011, 18:27

La disparition du garde-champêtre
Le garde-champêtre était un homme grand et sec. aussi sec par le physique que par le comportement. Du gamin maraudeur au braconnier expérimenté, tout le monde le craignait.
Pourtant, l'émoi suscité par sa disparition attrista la fête du 14 juillet. Dans son discours habituel, le maire évoqua cet homme intègre et honnête, soucieux du respect du droit et des valeurs de la République. Nul ne l'avait revu depuis quatre jours, et il n'avait prévenu personne d'un éventuel départ. Les gendarmes enquêtaient dans le canton.
J'avais donc fêté le 14 juillet, et à la fin du bal traditionnel, peu enclin à regagner mon lit, je me suis mis en tête de prendre quelques carpes à l'étang des sorcières qui devait son nom à une légende. On disait qu'autrefois les sorcières y venaient s'approvisionner en crapauds chaque nuit de la Toussaint ; ce batracien étant réputé pour être l'un des ingrédients essentiels des recettes maléfiques.
Il était à peine cinq heures du matin lorsque j'eus terminé de tendre mes lignes. Je me suis installé confortablement, bien calé dans un creux naturel de la berge. Les flonflons de la fête, les rires des copains, la traditionnelle danse du balai étaient déjà loin.

Une brume légère masquait la surface de l'étang. C'est de cette matière vaporeuse qu'elle a semblé prendre vie. Elle est montée lentement, sans un bruit. Au début, c'était une masse informe. Puis lentement, tout en continuant à s'élever elle a pris forme. Je distinguais maintenant une silhouette féminine, sans aucun autre détail, mais sans ambiguïté. J'avais sous les yeux, au milieu de l'étang comme posé à sa surface, une femme portant une robe noire et longue jusqu'aux chevilles, les pieds noyés dans la brume.
Elle a tendu un bras vers moi, pour m'ordonner de partir :
- Toi, là-bas, va-t-en !
Sa voix était calme, mais le ton était ferme et péremptoire. Pétrifié, je fus incapable de la moindre réaction. Elle a repris :
- Va-t-en ou tu seras le second ! Le garde-champêtre a été le premier, tu seras le second !
J'ai pris mes jambes à mon cou, laissant sur place mon matériel. J'ai couru comme un fou en direction du village. Les branches fouettaient mon visage, les ronces déchiraient mes vêtements. J'étais à bout de souffle, trempé de sueur, d'eau et de boue à cause d'une chute dans une mare. Après une course dont je suis incapable d'estimer la durée, je fus anéanti ; je me retrouvais au même endroit. Mes cannes, ma musette, mon épuisette, rien n'avait bougé. À nouveau, la créature m'ordonna de fuir en me désignant du doigt. Pensant m'être égaré dans l'affolement, je me suis retourné en direction du village pour parcourir les lieux du regard. Puis mentalement j'ai tracé l'itinéraire avant de repartir terrifié et certain cette fois de ne pas me tromper. Deux fois, trois fois, j'ai refait le parcours qu'en temps normal j'aurais pourtant quasiment sillonné les yeux fermés. Chaque fois je retombais à l'endroit d'où j'étais parti, et la voix me menaçait à nouveau. Je crus avoir perdu la raison, mes forces m'abandonnaient. Dégoulinant de sueur, crasseux, épuisé, je me suis appuyé contre un arbre. Le contact de son écorce fraternelle sur ma joue m'a un peu rassuré. C'est à ce moment qu'une autre voix m'a tiré de l'épouvante :
- Monsieur, monsieur, réveillez-vous !... réveillez-vous, vous allez tomber à l'eau !
Penché vers moi, un inconnu me secouait le bras. Je me suis levé brutalement. Mes bottes étaient remplies d'eau, et j'étais mouillé jusqu'aux genoux.
La fatigue de la nuit du 14 juillet bien arrosée avait eu raison de ma vigilance et je m'étais endormi. La disparition du garde-champêtre et la légende de l'étang des sorcières avaient suscité ce cauchemar. L'agitation qu'il avait dû provoquer, aidée par la gravité m'avait fait glisser sur la berge. Quoique déconcerté par la situation, j'ai pensé à remercier vivement mon sauveur, sans doute un touriste en promenade matinale, avant de décider de rentrer me reposer.
En remontant une ligne, j'eus la surprise de la sentir accrochée. J'ai tiré fort, très fort même. C'était une de mes places habituelles, je connaissais bien le fond et après des années de fréquentation je n'avais jamais accroché. Comme aucun arbre mort n'avait pu y tomber, j'ai imaginé le pire.
J'ai filé alerter les gendarmes et prévenir le maire.

Deux heures plus tard, le corps du garde-champêtre gisait sur la berge au milieu de mon matériel, le gendarme qui avait répondu au téléphone m'ayant ordonné de ne rien déplacer.
Les enquêteurs prospectèrent les abords de l'étang et finirent par repérer un endroit broussailleux caché de la vue qu'on avait du chemin d'accès. Sur la rive en pente raide ils remarquèrent des traces de glissade et des arbustes arrachés auxquels le malheureux avait tenté de se retenir en vain.
Non loin de là un gendarme découvrit la musette du garde-champêtre. Stupéfait, il en extirpa deux pièges, cinq lignes de fond, et trois collets.

L'homme honnête, intègre et gardien de la loi utilisait sans doute depuis bien longtemps le matériel du parfait braconnier.

Je me suis bien gardé de raconter mon cauchemar, et tout le monde au village a cru que je m'étais mouillé les jambes en essayant de repêcher le noyé.

Le 8 avril 2011.
Revenir en haut Aller en bas
Odile


Odile


Réputation : 0

La disparition du garde-champêtre Empty
MessageSujet: Re: La disparition du garde-champêtre   La disparition du garde-champêtre EmptyMar 19 Juin 2012, 09:19

:flower: coucou :flower:


je suis la " tueuse du lac " et je la connais bien ta copine ! les nuits de pleine lune , on se retrouve parfois pour hanter les pêcheurs infidèles ... Nous glissant dans les rêves pour en faire des cauchemars ... ha ! ha ! ha !
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



La disparition du garde-champêtre Empty
MessageSujet: Re: La disparition du garde-champêtre   La disparition du garde-champêtre EmptyMar 19 Juin 2012, 11:21

Odile a écrit:
:flower: coucou :flower:


je suis la " tueuse du lac " et je la connais bien ta copine ! les nuits de pleine lune , on se retrouve parfois pour hanter les pêcheurs infidèles ... Nous glissant dans les rêves pour en faire des cauchemars ... ha ! ha ! ha !
Tu es le succube qui est venu cette nuit ?
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





La disparition du garde-champêtre Empty
MessageSujet: Re: La disparition du garde-champêtre   La disparition du garde-champêtre Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
La disparition du garde-champêtre
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» disparition de carpes
» Disparition des poissons en 2050
» Le pcb
» Un garde un peu timide.
» le tonnelier garde la foi

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
L'Art de la pêche :: Couleurs et Lettres :: Du coté des mots :: Bibliothèque-
Sauter vers: