L'Art de la pêche
Le forum est en lecture libre,
un grand nombre de personnes partagent leur savoir sur ce site. Vous en profitez peut être?
Alors, pourquoi ne pas venir les remercier et en faire de même en devenant un Artpêchois. Pour cela rien de plus simple inscrivez vous.
L'Art de la pêche
Le forum est en lecture libre,
un grand nombre de personnes partagent leur savoir sur ce site. Vous en profitez peut être?
Alors, pourquoi ne pas venir les remercier et en faire de même en devenant un Artpêchois. Pour cela rien de plus simple inscrivez vous.
L'Art de la pêche
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Le forum d'entraide, de conseils et d'astuces sur l'art de la pêche.
 
AccueilPublicationsDernières imagesS'enregistrerConnexionRecherchersite
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

 

 Germaine et Robert

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
mg59


mg59


Réputation : 0

Germaine et Robert Empty
MessageSujet: Germaine et Robert   Germaine et Robert EmptyJeu 06 Mar 2014, 19:38

bien que ceci ce trouve sur ma page facebook mais aussi celle du forum ! voici pour vous


Germaine et Robert...
6 mars 2014, 07:33
On m’appelle Germaine ! 
Ce prénom, je ne l’ai pas depuis très longtemps. Il m’a été donné quand j’ai atteint l’âge vénérable de 20 ans. Je vis dans une vieille ballastière de 7 hectares, je ne sais trop où sur cette terre, le seul voyage que j’ai fait, c’est celui que je dois à un pêcheur de brochet,  de sa mare à vifs à cette ballastière riche en requins d’eau douce. Je voyais bien défiler le ciel depuis le grillage de son seau mais je serais bien incapable de dire  quel chemin il a pu emprunter pour m’amener dans ces eaux pleines de danger. 
Je sais que je ne reverrai plus, ni mes frères et sœurs ni ma famille. Ce voyage aurait pu être le dernier, mais au moment où ce pêcheur a voulu me locher, j’ai glissé de sa main humide et suis tombée à terre. Avant qu’il n’ait eu le temps de dire ouf, et en trois soubresauts,  je me suis retrouvée dans l’eau. Deux coup de queue de plus et je lui échappais définitivement. 

Ce jour-là, j’ignorais tout de la vraie vie et aucun des dangers que j’allais affronter ne m’était connu. J’ai tout d’abord échappé à une première chasse de Maitre Esox en me réfugiant dans une vieille cruche jetée là par je sais qui. J’ai compris  que cette poterie serait un repaire sûr tant que je pourrai m’y loger. Son entrée rétrécie ne permettait pas aux dents de l’étang de m’en extirper. Mais, les premiers temps, quelles peurs j’ai ressenties… On ne peut l’imaginer sans avoir été carpe soi-même. Le temps a passé, les semaines, les mois,  l’année… Après un an, je me suis trouvée à l’étroit, et il a bien fallu trouver un autre endroit pour me loger plus confortablement. J’ai eu de la chance : un jour où je faisais une sortie prudente, je suis  passée près d’un monticule de roches sur  lequel une vieille branche s’était amarrée. Je pesais alors un bon kilo et j’ai pris le risque d’y élire domicile, l’œil aux aguets,   même si les brochetons ne semblaient plus s’intéresser à moi depuis quelques temps. Instinctivement, je savais que leur maman n’avait pas renoncé, elle, à me croquer. 

Un an plus tard, ce danger-là  n’avait plus cours : j’approchais de deux kilos,  ce qui me donnait,  en quelque sorte, l’immunité aquatique.  Depuis ces deux logements successifs, je me suis instruite de la vie des eaux douces. Il tombait parfois de la grêle, et chose étonnante,   les grêlons étaient de toutes les couleurs, et même sentaient souvent très bon. Ou alors vraiment très mauvais !  Je me suis approchée de ce haut-fond pour essayer de comprendre quels étaient ces grêlons qui tombaient même par jour de grand soleil ! Elles étaient tentantes ces petites boules jaunes, rouges, bicolores, sombres, claires et très goûteuses alors je me suis contentée de donner du groin dedans car impossible pour moi  de les avaler. Il a fallu que j’atteigne une autre taille pour pouvoir les croquer avec mes dents pharyngiennes. Mais quel délice ! J’en mangeais beaucoup de ces billes, en plus de tout ce qui passait à portée de ma bouche : escargots, vers, larves d’insectes, et aussi toutes sortes de graines qui tombaient en pluie,  souvent le dimanche et les jours de fête. C’était d’ailleurs ces jours-là que sur la rive  je voyais le plus de silhouettes et qu’il y avait  le plus d’activités bruyantes. J’ai mis longtemps à comprendre que c’était ces silhouettes, et  qui jetaient les billes colorées et les graines moelleuses dont je faisais mes délices. N’ayant pas fait d’études et n’ayant pas eu de famille, j’ai appris seule la vie. Ca forge le caractère mais il n’est pas facile de devenir ce qu’on est sans méthode et sans instruction. Maintenant, je passe pour une intellectuelle et même Le grand brochet qui voulait me manger quand j’étais petite, me demande de m’occuper de ses démarches administratives. En échange, il m’a promis de ne jamais manger mes enfants quand j’en aurai. Il se trouve que je n’ai toujours pas rencontré mon âme sœur dans mon biotope. Le cœur d’une carpe a ses raisons que la raison aquatique ne connaît pas. 
Un jour que je faisais ma petite sortie gastronomique, j’ai vu une bille qui vraiment était d’un parfum irrésistible. J’ai appris depuis qu’elle était parfumée au Scopex. Je me suis approchée et goulument, je l’ ai aspirée. Quel goût ! C’était presque l’extase. Et je suis repartie, la boulette en bouche vers une autre que je humais à distance. C’est alors  que j’ai ressenti  une  très vive piqûre  dans  ma lèvre inférieure. Oh la peur !  J’ai donné un grand coup de queue pour fuir  l’endroit, et là je me suis sentie retenue par une entrave invisible. J’avais beau partir, une fois à gauche, une fois vers le large, une fois à droite, c’était inexorable, j’étais tirée vers la rive. Je me suis battue contre cette résistance  jusqu’à en perdre la mienne. La rive s’est approchée, et là, j’ai vu plus nettement une silhouette qui tendait une épuisette (j’ai su le nom de l’objet plus tard) et qui m’a emprisonnée. J’étais folle de terreur. D’autant plus que cet être m’avait vraiment malmenée, et ma bouche saignait de toute cette violence. C’était un carpiste ! Après,  j’ai eu des précisions, c’était un de ces carpistes qui s’appellent  entre eux, des Wild Spirit.  Il m’a posé plus ou moins délicatement sur un tapis aussi impressionnant par sa surface que par son épaisseur. J’entendais le carpiste maugréer : « Ah c’est un pin ‘s » !  Je me demandais : « c’est quoi un pin’s » ? Il m’a retiré le fer qui était accroché et là encore, ce fut bien douloureux  tellement il s’y prenait mal pour me décrocher. J’ai saigné et j’ai craint pour mon sourire,  à l’avenir. Après ça, ce pêcheur m’a rejetée à l’eau, jetée plutôt car j’ai  fait un plat sonore : «aïe » en tombant sur la  surface de l’eau.  
J’ai bien vu que je n’avais pas contenté ce pêcheur ; je ne sais pas pourquoi. On dit que je suis belle pourtant,  et ma rangée d’écailles dorées sur ma ligne latérale me vaut des compliments de tous les mâles en mal d’amour. Mon charme est passé inaperçu pour le bipède ! 

Par la suite, je ne me suis plus laissée tenter par les billes qui sentaient le Scopex,  mais bien d’autres Wild Spirit m’ont abîmé la bouche en me tirant violemment de l’eau et en me relâchant sans ménagement.  J’ai appris à devenir méfiante et je me suis détournée presque totalement de ces billes multicolores et même des graines de toutes sortes. J’ai vécu de la nourriture naturelle de la ballastière. Et j’ai  aussi, au fil des années, pris du poids et je suis devenue celle que je suis,  un spécimen comme disent les Wild Spirit.  Ils étaient fous quand ils m’apercevaient, nageant entre deux eaux ou stationnant sous des branches en surplomb. Ah ça c’est vrai que je les ai fait bien enrager à bouder leurs esches sophistiquées et leur The Méthod 

Un jour, sur la rive, j’ai aperçu un autre bipède, très grand et dont la chevelure grise était pleine de clairières. Il parait qu’on dit calvitie partielle. Nous,  les carpes, on n’a pas de cheveux. Notre parure d’écailles est notre toison. Parfois, les Wild Spirit nous arrachent l’une de nos écailles en nous manipulant violemment. Heureusement, elles repoussent.  Ce pêcheur était en tout point différent de tous ces bipèdes que je connaissais depuis ma première capture. Calme, silencieux, mesuré dans son amorçage, il était vraiment… attirant. Pour l’observer tout à mon aise, je suis restée à rôder sur la zone où il avait tendu ses lignes. Vraiment ce pêcheur me fascinait, et puis, je  l’avoue,   que les effluves qui dégageaient de ses appâts, bio c’est sûr,  flattaient mes toutes petites narines. Il m’est revenu cette odeur de presque enfance et je n’ai pas pu ne pas en prendre une de ces billes-là, je salivais vraiment trop. Et c’était si bon que je me suis précipitée sur une autre et encore une autre…jusqu’à me prendre au piège. Je craignais le pire. Ma lèvre serait arrachée et j’allais être molestée… Eh bien non ! Bien sûr,  l’hameçon (j’avais appris entre temps le nom de ce fer tordu qu’utilisent les pêcheurs pour nous capturer)  était bien planté dans ma lèvre. Mais ça ne faisait presque pas mal ! Le grand pêcheur aux  cheveux gris coupés ras m’a amenée gentiment à son épuisette,  et là,  presque rassurée,  je suis entrée dans le filet.  Un grand sourire éclairait le noble visage de Robert. Oui,   son prénom c’est Robert car un autre pêcheur lui a crié quand il a soulevé son épuisette : « Tu en as une Robert » ? Robert, donc,  m’a posée  vraiment très délicatement sur un matelas bien douillet.  Et,  tout aussi délicatement,  il m’a retiré sans la moindre douleur son hameçon dont les ardillons multiples étaient vraiment microscopiques.  L’autre pêcheur s’est approché, avec dans l’œil comme un regret de ne pas être mon ravisseur. Robert a voulu une photo de nous. Il a dit : « Fais vite, il fait chaud et je ne veux pas qu’elle prenne un coup de soleil ». En même temps, il versa sur moi,   lentement,  un seau d’eau rafraîchissante. Les autres,  les Wild Spirit,  n’avaient pas eu ces égards, mais c’est vrai qu’alors je ne faisais que quelques kilos.  Pourtant mes copines bien plus petites que moi et qui connaissent maintenant Robert m’ont dit qu’il était toujours délicat quand il les capturait elles aussi. Moi qui suis célibataire, je me suis éprise de Robert,  et pour le voir (je sais que ça lui fait toujours plaisir) je mords à sa ligne et je fais semblant de tirer et vite je me rends pour le voir de plus près. J’aime qu’il me touche, qu’il me regarde. Je me sens belle dans ses bras. Et je vois bien qu’il est heureux chaque fois de me revoir. J’entends bien les autres carpistes,  les Wild Spirit surtout, le chambrer. L’un d’eux lui a dit un jour, moqueur :  « Eh Robert, ça fait  combien de fois que tu l’as prise la Germaine » ? Et Robert de répondre : « 57 fois, mais je ne m’en lasse pas » ! Pouvait-on imaginer un coup de foudre entre Robert et moi ? Non, bien sûr mais comme on dit,  la réalité dépasse souvent la fiction. Depuis quelques jours, il circule une nouvelle. Robert qui est un homme vraiment intelligent et facétieux, et si beau, vient de créer un club de gentlemen, le WomS ‘ Club… 

Depuis ma rencontre avec Robert, je suis bien plus heureuse. J’ai comme un but dans ma vie de célibataire,  même si  je sais qu’il n’y a jamais eu d’histoires d’amour réussies avec les passionnés de nous, les carpes. Un jour, j’ai entendu une chanson qui sortait d’une boite qu’écoutait un Wild Spirit. Ca chantait : «les histoires d’amour ça finit mal, en général»…
Revenir en haut Aller en bas
cricket


cricket


Réputation : 0

Germaine et Robert Empty
MessageSujet: Re: Germaine et Robert   Germaine et Robert EmptyJeu 20 Mar 2014, 10:47

magnifique!! Merci bravo
Revenir en haut Aller en bas
 
Germaine et Robert
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» germaine la carpe de balastiere
» Présentation de Robert.
» Robert Dessy.
» Sacré Robert
» Étang du Parc François Mitterrand à Brie Comte Robert

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
L'Art de la pêche :: Couleurs et Lettres :: Du coté des mots :: Dernières Nouvelles-
Sauter vers: