(Folleville)
Les pierres du château de Folleville dominent la vallée de la Noye. Dépouilles de l'histoire, ces ruines abandonnent à la mélancolie et rappellent à la noblesse des siècles passés. A quelques pas, l'église où commence l'oeuvre spirituelle et sociale de Saint Vincent de Paul.
Depuis cinq siècles, la tour de guet du Château couvre la vallée. Telle une clef minérale dont la taille complexe ouvre le mécanisme du ciel, cylindrique à la base, hexagonale puis dodécagonale. Au sommet, l'horizon s'élargit jusqu'à Amiens…
Le château avait été monté à la fin du 14ème siècle. Il tint bon à la guerre de Cent ans. Une demeure qui, plus tard, fut richement meublée et vécut de grandes heures avec la famille des Lannoy. Le jeu des alliances la remettra au 17ème siècle à une autre lignée de France, celle des Gondi.
Philippe Emmanuel de Gondi, Général des Galères, adopte pour précepteur de ses enfants un certain Vincent de Paul. Au delà des obligations pour la famille seigneuriale, Vincent de Paul va à la rencontre des gens de campagne. La déchristianisation et la pauvreté y règnent.
25 janvier 1617, Vincent de Paul traverse la nef de l'église de Folleville. Il sait avoir l'appui de Mme de Gondi. Dans la chaire, il mesure son souffle. Son prêche va inviter les fidèles à la confession générale. Premier sermon de sa mission. Jour symbolique.
Puis sa longue silhouette s'efface doucement.
Au fil des ans, les pierres du château s'imprègnent peu à peu de l'ombre tourmentée des arbres et des clairs-obscurs recueillis de l'église gothique toute proche.
Un siècle passe. Un autre se lève. Le seigneur du moment, Comte de Mailly, décide qu'il est temps de se loger au goût du temps. Nous sommes en 1777. Il fait disséquer le château pour en récupérer la pierre, au bénéfice d'une demeure plus seyante à Mailly-Raineval.
Vingt ans plus tard, la révolution française, balayant Mailly-Raineval, épandra plus loin encore les pierres exilées du château de Folleville.
Aujourd'hui, veille une tour de guet au coeur de la Picardie.
Une veille sur quelques pierres, et les vestiges de nos élans vers la lumière…
Jean Debry.
Photo: PicardieWeb.
Voilà mon terrain de jeux pendant ma petite enfance . Les ruines et l'église sont classées aux patrimoines de l'humanité à l'UNESCO.