Le Sandre (Stizostedion lucioperca, famille des
percidés) Description :
Le sandre est originaire d’Europe centrale (bassin
du Danube). Sa présence est signalée vers 1923
dans le bassin du Rhin. De là, le sandre serait passé dans le bassin de
la Saône, puis le Rhône, et il aurait trouvé un biotope particulièrement
favorable dans le delta de ce dernier fleuve. En 1953 fut créée la première
société française de pisciculture de sandres, qui est à l’origine du
succès de l’acclimatation de ce poisson dans notre pays. Maintenant le
sandre est pratiquement présent dans toute la France, sauf dans les eaux
où dominent les salmonidés. Les grands lacs de retenue de basse et
moyenne altitude sont particulièrement favorables à son développement.
Le sandre est pourvu de deux nageoires dorsales séparées
par un court intervalle ; la première a 14 rayons épineux, la
seconde débute par un ou deux rayons épineux et comporte 19 à 23 rayons
mous. La tête, relativement petite, se termine par une bouche grande et
garnie de dents dont 6 particulièrement bien développées (canines). Le
corps est allongé pourvu de nombreuses écailles d’aspect rugueux ;
la ligne latérale se prolonge sur le début de la nageoire caudale ;
le dos est verdâtre, les flancs d’un vert-jaune marqués par 9 à 11
bandes verticales sombres ; le ventre est blanchâtre. Les sujets pêchés
pèsent souvent de 1 à 2 kg, mais certains individus atteignent 1 m et 10
kg.
Reproduction :
Le sandre se reproduit, en général, d’avril à
juin, lorsque l’eau atteint une température de 12 à 15°C. Il
recherche alors les fonds propres (graviers, sable), garnis de végétation
courte et assez dure, de fines racines enchevêtrées, de tiges herbacées
noyées. En l’absence de ces éléments, il peut frayer sur des
cailloutis et même des débris de briques et de tuiles. C’est là,
pourvu que le courant soit nul ou faible, que le mâle prépare un nid
dans une faible profondeur d’eau. En général il y a un mâle et une
femelle par nid, mais selon le rapport des sexes, il peur y avoir un seul
mâle pour plusieurs femelles et vice versa. Le mâle garde le nid pendant
les premiers jours de l’incubation et peut se montrer très agressif.
La croissance du sandre est rapide : 2 étés, 1
livre ; 3 étés, 3 livres ; 6 étés, 7 à 8 livres.
Actuellement, en France, les pêcheurs peuvent capturer couramment des
sujets pesant jusqu’à 3 ou 4 kg, moins fréquemment mais non rarement,
des sandres de 10 à 12 kg. La capture de spécimens de plus de 15 kg a été
enregistrée, en Loire notamment.
Nourriture :
Le sandre vit chasse, généralement, en groupe se
nourrissant autant de proies mortes que de proies vivantes. Il est méfiant,
sensible aux bruits, et se tient aussi bien à 1 m qu’à 25 m de fond.
Ces caractéristiques permettent d’expliquer les interprétations erronées
que certains pêcheurs font à propos de son comportement. Arrivant au
bord de l’eau sans précautions, le pêcheur sans s’en douter, fait
parfois fuir les sandres vers le large, et il en conclut que ce poisson
vit dans les grands fonds. S’il n’est pas dérangé pendant la nuit,
le sandre recherche volontiers sa nourriture quand la luminosité est
faible, c’est pourquoi il a longtemps réputé comme un carnassier aux mœurs
essentiellement nocturnes.
Chassant en groupe, le sandre attaque les fretins en
bancs, en tuant et blessant le plus possible. Après le carnage, il dévore
ses victimes en les recherchant longuement sur le fond. Ainsi passe-t-il
pour un redoutable destructeur, un tueur par plaisir ! Malgré sa prédilection
pour les fonds de 2 à 8 m, il lui arrive de s’établir à des
profondeurs importantes pendant de longues périodes, au point que les pêcheurs
croient à sa disparition, jusqu’au jour où il remonte sur les coups de
pêche.
Comme on le voit, les mœurs du sandre sont différentes
de celles du brochet, et l’on constate que les deux espèces cohabitent
parfaitement.
Le sandre est aujourd’hui un poisson des eaux françaises
parfaitement adapté, et sa popularité parmi les pêcheurs ne cesse de
croître.